Nous sommes en 2154 sur Pandora, planète lointaine à la nature luxuriante. Les humains se sont installés sur cette terre hostile pour y exploiter un précieux minerai, faisant au passage bien peu de cas des Na'vi, grandes créatures bleues qui peuplent Pandora.
Comment retourner derrière la caméra après le phénomène Titanic, le film de tous les records ? Pas moins de dix années ont passé avant que James Cameron ne revienne avec Avatar, projet à l'ambition démesurée, pour ne pas dire « titanesque ». Hélas, ce qui fait le plus grand tort au nouveau film de James Cameron, ce sont moins les limites intrinsèques de ce projet que la promotion et le rouleau compresseur marketing qui entourent sa sortie écrasante sur les écrans. Depuis des mois, on nous annonçait l'événement Avatar. Mais à trop créer l'attente et à jouer les fiers à bras en claironnant peu ou prou que «James Cameron va révolutionner le cinéma », ce qui doit arriver advient : on sort au final un peu déçu de l'expérience Avatar. On attendait la lune, il faudra se contenter de Pandora. Et, ce n'est déjà pas si mal.
Car, entendons-nous bien: le film de James Cameron tient toutes ses promesses en termes de divertissement et de grand spectacle. Son imaginaire coloré est particulièrement impressionnant, de même que sa 3D saisissante et ses effets de caméra absolument étourdissants. On aurait tort de négliger les prouesses numériques déployées par le film car c'est depuis toujours l'un des moteurs de la création pour le cinéaste. Film après film, d'Abyss à Terminator, de Titanic à Avatar, James Cameron revient à chaque fois avec l'ambition de repousser les limites de la technique. Ici, la technologie numérique atteint un sommet rarement (jamais ?) vu, offrant ainsi au film une fluidité visuelle, une ampleur et une liberté tout à fait jubilatoires pour le spectateur. Les nombreuses scènes d'action se révèlent toutes éminemment spectaculaires. D'une efficacité telle d'ailleurs que la soif de prouesses visuelles l'emporte parfois sur la narration, de telle sorte que le film se perd à plusieurs reprises dans des péripéties dictées par le goût de l'épate plus que par les nécessités du récit. L'interminable scène de guerre finale en est un flagrant exemple mais n'est pas hélas un cas isolé.
Voici donc la limite du projet de James Cameron : dans Avatar, les tours de force technologiques font enfler le versant spectaculaire du film au détriment de l'intrigue, sacrifiant clairement le fond et la narration sur l'autel de la forme. Aussi le film ne peine-t-il pas à faire sursauter le spectateur mais bien plus à l'émouvoir. La débauche de moyens et l'imaginaire étonnant de Pandora accouchent d'une intrigue qui se résume ni plus ni moins à celle de Pocahontas. Et, si le scénario a la bonne idée d'effectuer une inversion de point de vue intéressante, proposant au spectateur de s'identifier aux Na'vi plutôt qu'aux humains, pour le reste, la révolution est à l'écran, pas dans le scénario : les personnages sont réduits à une galerie d'archétypes bien connus (la gentille scientifique, le méchant militaire, l'oie blanche....), les ficelles de l'intrigue sont elles-aussi aussi rebattues et les thèmes éculés du « droit à la différence » et « du respect des minorités » ne bénéficient pas ici d'un traitement bien original. Plus gênant, par ses références multiples et explicites à l'Histoire américaine (le massacre des indiens, la guerre au Vietnam, l'invasion de l'Irak, la chute des tours jumelles... rien que ça !), le film ne gagne pas en épaisseur mais en confusion. Faute de vraiment dénoncer quelque chose, il peine en effet à signifier quoique ce soit. Le propos du film se noie ainsi dans une mare de bons sentiments consensuels mâtinés d'utopie écologiste. Mais, on l'aura compris, ici, le fond importe peu.
Avatar n'est certes pas le film révolutionnaire qu'on nous annonçait. Il n'est pas non plus le meilleur film qu'ait réalisé James Cameron. Pour autant, il ne faut pas nier que l'ambition formelle d'Avatar et sa dimension éminemment spectaculaire procurent un réel plaisir que les spectateurs auraient tort de bouder. Au final, c'est pour ses limites qu'Avatar pourrait faire date dans l'histoire du cinéma, et pour cause : le film ouvre grandes les portes d'un « au-delà du cinéma », celui d'un art avatar pétri de spectaculaire, relevant dorénavant plus du jeu vidéo ou de l'attraction à sensation que du septième Art.
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