19 août 2009. 2h30.
Il était un fois... en 1943. Douze américains justiciers parachutés en France pour scalper du nazi. Une jeune juive française qui tente de venger sa famille massacrée par un officier allemand. Une actrice qui joue un double jeu. Des destins croisés qui fondent l’intrigue loufoque et inattendue du film Inglorious Bastards. Ajoutons-y un casting international particulièrement réjouissant : Brad Pitt en chef guérillero des Bastards, Christophe Waltz, couronnée meilleur acteur à Cannes pour sa désopilante composition d’officier nazi lettré et sanguinaire, Diane Kruger, qu’on découvre enfin sous le jour d’une bonne actrice et pas seulement d’une belle figure, sans oublier la très étonnante Mélanie Laurent, dans le rôle exigeant de Shosanna Dreyfus. Nous voici donc engagés dans la nouvelle aventure du cinéma de Tarantino.
Dès le générique, on retrouve les charmes et les tours qui ont fait le succès planétaire du réalisateur de Pulp Fiction : exploration et détournement du cinéma de genre, superposition des intrigues et manie de la citation. Mais, puisqu’on est en temps de guerre, Tarantino n’hésite pas à en remettre une louche et à sortir la grosse artillerie : blagues énormes, plus énormes que jamais, personnages improbables, situations invraisemblables, décors en carton pâte... On n’y croit pas, pas même une seconde. Nous voici donc dans une guerre d’opérette, une réalité devenue fantasque par la magie du cinématographe.
Tout est là et pourtant on peine à rentrer dans ce film qui se déploie à grand renfort de prouesses visuelles, de trouvailles de mise en scène, mais aussi de longueurs. L’enchaînement d’idées et de morceaux de bravoures visuels ne saurait en effet suffire à faire un film. Quant aux dialogues ciselés qui sont une des marques de fabrique du cinéaste, ils sont parfois savoureux mais se retrouvent trop souvent étouffés au cœur de tunnels de verbiages et de scènes interminables. Car, le gros souci de Tarantino, c’est que le spectateur a bien compris à présent sa posture de cinéaste du décalage et du contre-pied. A telle enseigne qu'on se trouve souvent en mesure d’anticiper ce qu’une très longue scène prétend faire découvrir avec étonnement.
Reste néanmoins intacte la force divertissante du film. Même si Inglorious Bastards peine à tenir en haleine sur toute sa durée, il offre aux spectateurs quelques belles performances d’acteurs et des moments de grâce indéniables. Quant à la conclusion du film, une longue scène dans une salle de cinéma, elle nous dit que le septième art peut tout, y compris réécrire l’Histoire. Venu d’un réalisateur de la trempe de Tarantino, on peut trouver le message naïf. Mais c’est aussi une posture généreuse et fervente, celle d’un cinéaste qui croit au pouvoir distrayant et vengeur de son Art.
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