20 juillet 2011

La Traque

Un film d'Antoine Blossier

Avec Grégoire Colin, François Levantal, Fred Ulysse

Article publiée sur la webzine Il était une fois le cinéma

Pour son premier long-métrage, le réalisateur Antoine Blossier transpose le cinéma d’horreur dans la campagne française : le résultat est terrifiant.   


Un gentil trentenaire part à la chasse en forêt avec sa belle-famille. Très vite, pa-ta-ta-traque ! Les sangliers s’énervent,… et le spectateur avec. Car, enfin, qui diable a pu miser un euro sur un scénario aussi imbécile qu'invraisemblable ? Que l’intrigue de La Traque puisse être consignée sur un demi post-it, pourquoi pas : l’horreur est un genre où le pitch importe moins que son potentiel de frissons. De là, à oser mettre en images une histoire aussi mal ficelée et incohérente, le spectateur est forcé de se poser des questions.

Les réactions des personnages apparaissent toutes outrées, plaquées, incompréhensibles. Quant à l'analyse des relations entre le gendre et son beau-papa, elle se révèle aussi subtile et pointue que celle à l'œuvre dans Joséphine, ange gardien. La petite morale de toute cette histoire de chasse aux sangliers ? « Il faut tuer le père, mais pas celui de votre fiancée, sinon celle-ci va se fâcher » : Tenez-vous le pour dit ! Devant tant de ridicule, provoquer la peur relève dès lors d’un véritable exercice de style.

Du style, il en faudrait précisément, faute de moyens financiers conséquents pour mettre en images les scènes d’affrontement entre les chasseurs et ces vilains cétartiodactyles assoiffés de sang humain. Pourtant, si le film est fauché, il n'a jamais l'astuce suffisante pour tourner sa pauvreté en atout, à l’image d’un Blair Witch Project, devenu la référence du genre. Faute d'argent, le réalisateur s'applique à cacher la misère, à travers des convulsions et circonvolutions de caméra, un montage épileptique et des salves de gros plans qui découpent en petits morceaux les énormes monstres sanguinaires… Tout cela est si mal mis en scène qu'on finit par ne plus même comprendre ce qui se passe à l'écran, ce qui, du reste, n'est pas très grave.

Décidément, le cinéma de genre, l’horreur en particulier, le cinéma français ne sait pas faire. Malgré une solide équipe technique, les séquences en forêt ne sont qu'un immense bourbier. L’action s'enlise, et Antoine Blossier aligne les séquences sans énergie ni invention : papa meurt, fiston meurt,... Afin d'abréger nos souffrances et celles des acteurs, on rêve de l'assaut d'une meute de sangliers décimant vite fait bien fait les derniers survivants.

Au sortir de la salle obscure, l’énigme reste entière : qui a pu financer cette horreur de film ? Une seule chose est certaine avec La Traque : si les chasseurs deviennent le gibier, le spectateur, lui, reste le dindon de la farce.

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