20 octobre 2008

Vicky Cristina Barcelona : un Woody qui manque d'Allen.

Vicky Cristina Barcelona, film américain de Woody Allen.
1h37. Sortie en salle : 8 octobre 2008.

En Espagne, Woody Allen ne filme plus vraiment : il est en vacances. On a beau l’aimer, l’aimer fort, Woody Allen… On a beau ne pas vouloir dire du mal de ce petit film, il faut vite se rendre à l’évidence qu’on a pas envie non plus d’en dire beaucoup de bien.

Film plaisant et distrayant, sans aucune doute... mais les dialogues sont bien ternes, le scénario pas brillant-brillant et, en l'absence de toute nécessité, les péripéties finissent par s’enchaîner vainement. Pire, le charme a disparu ! Quant à l’agaçante voix-off qui nous guide à travers ce film, elle trahit ici une réelle paresse de la mise en scène, Woody Allen laissant la parole expliciter ce que l’image n’a ainsi plus besoin de suggérer. Et que dire des acteurs : Javier, Pénélope et Scarlett ? Aucun ne signe de performance réelle dans ce film, ce qui ne manque pas d’étonner quand on connaît par ailleurs le talent d’Allen pour diriger les comédiens.

Au final, sans parler de gâchis ou de ratage exemplaire (les images, les décors et, Dieu merci quelques scènes sont superbes…), le film laisse tout de même un sentiment doux amer, celui de vacances certes ensoleillées mais un brin ennuyeuses. Et, on ressent un petit pincement du côté du cœur, en quittant la salle, à la pensée de tous ces ingrédients si alléchants sur la table et qui, une fois assaisonnés, se sont transformés en ce plat assez fade, ce repas léger-léger, qu’on oublie vite.

10 mai 2008

Un Conte de Noël : c'est Noël en mai !

Un Conte de Noël, film français d'Arnaud Desplechin.
2h20. Sortie le 8 mai 2008.



Un conte et si j'ai bien fait le compte : 12 vies en 2 heures, 1 formidable épopée en huis-clos. Un Conte de Noël : Une histoire de famille comme une histoire de cinéma. Catherine Deneuve, sublime mère malade, allégorie d'un cinéma français vieillissant, cherche auprès de ses jeunes rejetons (à savoir la relève : Amalric, Devos, Poupaud, Mastroiani, Consigny...) le sang neuf à-même de lui redonner vie. Comme à l'habitude, à travers la petite histoire familiale qui se raconte là, se joue quelque chose de la grande histoire du cinéma et s'affirme une vision de la création artistique comme perpétuelle re-création des films qu'on a déjà vus, des livres qu'on a déjà lus, des musiques qui ont hanté nos esprits. Les références, les fulgurances, les citations d'écrivains, de cinéastes, de peintres, de musiciens s'accumulent au sein de ce film qui s'assume comme héritier d'un passé riche et hétéroclyte, passé que ce conte vénère tout autant qu'il le détourne, voire le malmène. Car c'est bien connu, et Arnaud Desplechin le répète de film en film : "Personne ne s'entend avec ses parents ".

Résolument savant et pourtant accessible, Un Conte de Noël se savoure comme un pur ravissement dont l'immense vertu est de superposer les horizons, de faire tomber les frontières, de multiplier les frottements et les questionnements, en se gardant bien de donner des réponses définitives aux béances qu'il ouvre. Au sortir de la salle obscure, une seule envie : retourner vite explorer les détours et les espaces d'ombres de cet univers inconfortable et pourtant si douillet, si séduisant, si proche de la vie.

Miracle de Noël, Noël en mai, Un Conte de Noël est tout simplement magique. Assurément le meilleur film que le cinéma français ait engendré depuis ... Rois et Reine, du même Arnaud Desplechin.