2h20. Sortie le 8 mai 2008.
Un conte et si j'ai bien fait le compte : 12 vies en 2 heures, 1 formidable épopée en huis-clos. Un Conte de Noël : Une histoire de famille comme une histoire de cinéma. Catherine Deneuve, sublime mère malade, allégorie d'un cinéma français vieillissant, cherche auprès de ses jeunes rejetons (à savoir la relève : Amalric, Devos, Poupaud, Mastroiani, Consigny...) le sang neuf à-même de lui redonner vie. Comme à l'habitude, à travers la petite histoire familiale qui se raconte là, se joue quelque chose de la grande histoire du cinéma et s'affirme une vision de la création artistique comme perpétuelle re-création des films qu'on a déjà vus, des livres qu'on a déjà lus, des musiques qui ont hanté nos esprits. Les références, les fulgurances, les citations d'écrivains, de cinéastes, de peintres, de musiciens s'accumulent au sein de ce film qui s'assume comme héritier d'un passé riche et hétéroclyte, passé que ce conte vénère tout autant qu'il le détourne, voire le malmène. Car c'est bien connu, et Arnaud Desplechin le répète de film en film : "Personne ne s'entend avec ses parents ".
Résolument savant et pourtant accessible, Un Conte de Noël se savoure comme un pur ravissement dont l'immense vertu est de superposer les horizons, de faire tomber les frontières, de multiplier les frottements et les questionnements, en se gardant bien de donner des réponses définitives aux béances qu'il ouvre. Au sortir de la salle obscure, une seule envie : retourner vite explorer les détours et les espaces d'ombres de cet univers inconfortable et pourtant si douillet, si séduisant, si proche de la vie.
Miracle de Noël, Noël en mai, Un Conte de Noël est tout simplement magique. Assurément le meilleur film que le cinéma français ait engendré depuis ... Rois et Reine, du même Arnaud Desplechin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire